Manger ou construire ? Ils appellent à choisir
Quatre questions à… Frédéric Vincent. Président des Jeunes agriculteurs de Maine-et-Loire.
Pourquoi cette semaine nationale de la préservation du foncier agricole ?
❏ La disparition des terres agricoles au profit des routes, lotissements, zones artisanales se poursuit à un rythme effréné. En France, l’agriculture perd 26 m2 de terres par seconde, 231 ha par jour, 82 000 ha par an, l’équivalent d’un département tous les sept ans. Chaque seconde, c’est un potentiel de production de 59 baguettes de pain qui disparaît. D’où notre slogan : « Manger ou construire, il faut choisir ! » D’où cette image choc d’un enfant dans un champ de blé qui repousse le godet d’une pelleteuse.
Quelles mesures préconisez-vous ?
❏ Nous avons rédigé une charte. Nous réaffirmons que le foncier agricole doit être utilisé en priorité pour installer des jeunes agriculteurs. Si les terres disparaissent, renouveler les générations devient impossible. Nous nous battons contre la pose de panneaux photovoltaïques sur les parcelles agricoles. Les communes, les communautés de communes voient souvent trop grand pour leurs zones d’activité. Elles doivent réhabiliter les friches industrielles, utiliser les usines désaffectées avant de consommer encore plus de terres pour de nouvelles constructions. Il y a des progrès : les maisons individuelles sont construites sur des parcelles de plus en plus petites.
Quelle est votre position sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?
❏ Je ne souhaite pas m’exprimer sur ce dossier en particulier. D’une manière générale, il faut consommer moins de terre. Mais on ne peut pas arrêter toutes les opérations d’aménagement foncier. On ne peut pas s’opposer à des projets d’aménagement du territoire légitimes, qui portent un véritable enjeu de développement économique, avec des emplois à la clé. Les collectivités doivent se concerter avec les acteurs de terrain, proposer des solutions aux agriculteurs qui vont être impactés, les aider à préparer la transition et garder en production les terres le plus longtemps possible. On arrivera dès lors à une gestion du foncier consensuelle, équilibrée et intelligente.
Dans le Maine-et-Loire, une initiative originale souligne la vocation nourricière des terres…
❏ Les Jeunes agriculteurs du Maine-et-Loire participent à l’opération humanitaire « sac de blé ». Les équipes cantonales se tournent vers les communes et communautés de communes pour repérer d’anciennes terres agricoles délaissées en attente d’être urbanisées. Une quinzaine d’hectares seront cultivées en blé avec l’aide des entreprises de travaux agricoles, des Cuma, des négociants et des coopératives qui fournissent les semences, les engrais et les phytos. Les recettes de la vente du blé seront reversées à la Fondation Saint-Gabriel solidarité qui conduit des actions humanitaires dans les pays en voie de développement.
[via] Xavier Bonnardel, ouest-france.fr