Vannes – Pourquoi devenons-nous accros à la course à pied ?
Ouest-France
Les épreuves hors stade n’en finissent plus de séduire. Une étude a recensé les raisons qui poussent de plus en plus de coureurs à pratiquer.
Michel Huertas est « un président heureux ». Patron de la commission nationale de la course hors stade (CNCHS), le dirigeant corse se réjouit de l’engouement toujours plus grand que connaît la discipline. En cela, son état d’esprit ne diffère pas de celui des coureurs français qui sont qualifiés de « coureurs heureux » dans une étude réalisée en 2009 par l’institut de recherche indépendant Synovate, pour le 60e anniversaire de l’équipementier Asics. Cette étude intitulée « Reasons to run » (les raisons de courir) portait sur la psychologie du coureur et reposait sur une enquête menée auprès de 3 500 pratiquants dans sept pays européens (Royaume-Uni, France, Italie, Espagne, Pays-Bas, Belgique et Allemagne). L’occasion de mettre en avant ce qui fait courir les adeptes du hors stade. Et notamment en France.
Le plaisir comme moteur
Amateurs des bonnes choses de la vie, les Français abordent selon l’étude ce sport avec la même joie de vivre. La plupart courent pour le plaisir et seulement quand la météo leur convient (64 % préfèrent ne pas courir par mauvais temps contre 51 % d’Italiens). Ils courent moins souvent que leurs voisins européens mais plus longtemps (36 minutes de moyenne) et sur de plus longues distances (6,4 km de moyenne). Cette attitude détachée les poussant aussi à prendre peu de précautions contre les blessures. « C’est un sport facile à pratiquer, peu onéreux, dans lequel on peut ne pas être tributaire d’un club ou de la météo. Les RTT ont aussi favorisé son essor », résume Michel Huertas.
Les raisons de courir
« D’abord le corps, puis l’esprit » énonce l’enquête. La forme physique puis la perte de poids sont les principales raisons évoquées pour débuter la course à pied. Vient ensuite le moyen de déstresser (la crise affecte leur pratique pour 43 % des Européens) qui arrive en troisième position dans les facteurs incitant à continuer l’activité. Le besoin devient un passe-temps amusant et relaxant. « Plus on vieillit, plus on court longtemps, souligne aussi Michel Huertas, ce qui explique aussi de gros pelotons de vétérans sur certaines épreuves. On envisage d’ailleurs de récompenser désormais une catégorie V5 (plus de 80 ans) alors qu’on s’arrête à V4 (70-80 ans) aujourd’hui. »
A quoi pensent les coureurs ?
Cela dépend du moment. Au début d’une épreuve l’esprit vagabonde, mais dans les phases plus intenses, la concentration se porte sur la course et l’organisme du coureur. Les Français se classent d’ailleurs les premiers (41 %) de ceux qui pensent à leur respiration en courant et le moins à leur… situation financière (9 %). Les pensées les plus courantes concernent les choses qui sont vues, les relations du coureur et les choses à faire. Au rayon des facteurs qui irritent les coureurs français, on retrouve les chiens, la circulation, mais aussi la pollution de l’air. « Les gens vont vers ce qui sort de l’ordinaire, précise Michel Huertas, et notamment les courses nature qui allient convivialité, paysages et parfois notion de voyage. »
Courir, une activité sociale
Les coureurs français sondés avouent à 69 % apprécier la présence d’un partenaire (11 % invoquent le fait de n’avoir personne avec qui courir pour éviter l’entraînement). Ils plébiscitent aussi la campagne comme cadre et préfèrent ne pas écouter de musique (43 %). En revanche, l’inscription dans un club n’est pas encore la norme. C’est l’un des souhaits de la Fédération d’athlétisme (qui a passé le cap des 220 000 licenciés en août) et notamment de Michel Huertas : « Nous n’arrivons pas à fédérer tous les gens qui courent, même si les coureurs viennent petit à petit dans les clubs, où il y a un suivi. C’est notre souhait, qu’il y ait de plus en plus d’athlètes à prendre une licence pour rejoindre le giron de la Fédération. Ils pourraient y apporter des points de vue et des idées nouvelles. Il y en a sûrement plein à soumettre. »
[via] Frédéric Hervé, ouest-france.fr