Tabac : pas facile de demander l’âge du client…
Nicole Gaudin, du bar-tabac Le Khédive à Alençon. Ouest-France
Depuis mai 2010, la vente de tabac aux moins de 18 ans est interdite. Mais au quotidien, bien des buralistes préfèrent risquer l’amende de 135 € que vérifier la pièce d’identité des fumeurs.
Grande comme un ticket de loterie nationale, l’interdiction de vendre du tabac aux moins de 18 ans est scotchée sur le comptoir en bois du Khédive, petit troquet de quartier à Alençon. Nicole Gaudin essaie de respecter la loi.
Elle a refusé un paquet à « un gamin qui ne faisait pas beaucoup plus de 10 ans ». Moins à l’aise pour demander leur âge « à ceux qui font plus de 16 ans », elle ferme parfois les yeux : « Ceux qui n’ont pas 18 ans disent qu’ils n’ont pas leurs papiers. Et quand un majeur pose sa pièce d’identité sur le comptoir, c’est moi qui suis gênée… »
« C’est pas mon travail de faire ça, estime-t-elle. Ils ont des parents, ces jeunes. Et on ne leur dit rien quand ils fument sur le trottoir… Je suis comme la tranche de jambon dans le sandwich : coincée entre ceux qui font la loi et la police ! »
Marie-Sophie Brard, qui vend des cigarettes au pied de la basilique Notre-Dame, répond d’un haussement d’épaules : « Les fois où j’ai refusé, j’ai vu le jeune ressortir et demander à un passant d’acheter le paquet pour lui. »
Quand Martine Madelaine, qui tient une grande brasserie du centre, a voulu vérifier l’âge d’un ado, « il a pris ça pour un affront et a levé la voix. Je lui ai filé son paquet ». Depuis, elle considère qu’elle n’est pas « assermentée » pour demander qu’on lui présente des papiers d’identité.
[via] Stéphanie Séjourné-Duroy, ouest-france.fr