« servez-vous, ces légumes sont là pour tous »

Un jardin simple, strict et élégant pour tous.
Le mouvement Incredible edible (Incroyables comestibles en français) se développe comme des herbes folles. Lancé voilà quatre ans à Todmorden, une ville anglaise en pleine crise, il est rejoint chaque jour par une nouvelle collectivité.
Le principe ? « Planter des légumes devant chez soi ou ailleurs, et inviter les gens à se servir gratuitement », résume Cédric Derouin qui a lancé la démarche à Saint-Nazaire en juillet. L’idée est de transformer l’espace public en potager, pour créer du lien social et répondre à la crise.
« J’avais trop de pieds de poireaux au printemps, poursuit le Nazairien. Je les ai plantés devant chez moi au lieu de les jeter et ajouté un panneau : Servez-vous librement, c’est gratuit. » Au début, les voisins ont été surpris, puis la conversation s’est engagée et tout le monde a compris.
« Ce qui plaît, c’est le côté sympa du potager », reprend François Rouillay, qui a été le premier à introduire les Incroyables comestibles en France, devant sa maison, en Alsace. « Au début, les gens me disaient ‘ Vous allez vous faire voler ‘. Mais il n’y a rien à voler puisque c’est gratuit ! », s’exclame-t-il.
Où est l’arnaque ?
Devant les bacs de poivrons, persil ou tomates cerise, les passants doivent prendre juste ce dont ils ont besoin en laissant les pieds entiers. La Ville de Paris a déjà invité ses habitants à participer. Depuis trois semaines, des conseils municipaux, comme celui de Versailles, emboîtent le pas en mettant à disposition bacs, terre et même semences. Le mouvement est relayé à Lyon, Strasbourg ou Quimper…
À Todmorden, des jardinières sont installées devant la mairie, le commissariat ou les écoles. Policiers, enfants et passants entretiennent ces potagers ouverts à tous. « Je suis allé là-bas cet été, c’est formidable, ajoute François Rouillay. Plus de 80 % des besoins en légumes de la ville proviennent des Incroyables comestibles. Todmorden a doublé sa capacité hôtelière pour accueillir des curieux venus du Japon ou des États-Unis pour relayer cette action participative. »
À Saint-Nazaire, le groupe a prolongé sa démarche au départ de la Marche contre la misère Le Croisic-Paris. « Nous avons distribué gratuitement des légumes ou des fruits, mais les passants hésitaient à servir en en se demandant où était l’arnaque ! Aujourd’hui, donner et recevoir gratuitement est un acte qu’on a presque oublié. » Aux Incroyables jardiniers de changer cela.
[via] Thierry Hameau, ouest-france.fr