Les fabricants d’ampoules dans l’ombre de la loi
Photo Jérôme Fouquet
Certaines lampes contiennent des substances radioactives. Les industriels assurent que c’est sans danger. Cela reste néanmoins contraire à la réglementation.
Il est interdit d’introduire des radionucléides dans les produits de construction, les biens de consommation et les denrées alimentaires. C’est le Code de la santé publique qui le dit. Pourtant, des substances radioactives sont présentes, en toute illégalité, dans certaines ampoules et tubes d’éclairage de la famille des « lampes à décharge ».
Pour faciliter l’allumage et pour obtenir une lumière puissante, les fabricants utilisent du krypton 85, du thorium 232 ou encore du tritium. La fédération européenne des fabricants (European lamp companies federation) reconnaît que « certaines lampes à haute performance, principalement dans le domaine professionnel […] contiennent d’infimes quantités de substances faiblement ionisantes ». Elle assure que « ces lampes ne présentent aucun danger, ni pour la santé ni pour l’environnement ».
Prenant conscience de cette situation anormale au regard de la loi, l’administration a prié, en 2009, les fabricants de se mettre en conformité. Cinq entreprises – Philips, Osram, General Electric, Ushio et Sylvania – viennent de déposer des demandes de dérogation auprès du ministère de l’Écologie, qui a sollicité l’avis de l’Autorité de sûreté nucléaire.
Ampoules écologiques ?
Tout en se donnant le temps – six mois – d’étudier le sujet, Laurent Kueny, en charge du dossier à l’ASN, se veut d’ores et déjà rassurant. « Les études internationales laissent penser que l’impact est faible », dit-il. Selon lui, les lampes dans les grandes surfaces ne sont pas concernées. On ne trouverait ces substances radioactives que dans des éclairages publics extérieurs, professionnels, mais aussi dans les phares au xénon des voitures.
En 2010, l’ASN avait quand même chargé l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) de tester les éclairages basse consommation grand public. Les experts ont passé 30 lampes du commerce sous leurs détecteurs. « Nous n’avons pas mesuré de signal significatif », résume Alain Rannou, conseiller scientifique. Le contenu des lampes reste toutefois inconnu, faute d’avoir été analysé.
Face à cette obscurité, Robin des Bois appelle à la vigilance. L’association environnementaliste conseille, avant d’acheter, de « s’informer de la composition des ampoules » basse-consommation souvent étiquetées « écologiques », parce que censées économiser l’énergie.
[via] Serge Poirot, ouest-france.fr